Au lendemain de la décision de la Banque de maintenir le taux directeur à 2,75 %, la sous-gouverneure Sharon Kozicki explique comment l’institution utilise diverses sources de données et sonde la population pour prendre de meilleures décisions.
La sous-gouverneure Sharon Kozicki s’adresse à l’Institut C.D. Howe à Toronto. Lisez le discours complet.
Nous recueillons plus d’information
Les données traditionnelles sur l’inflation, l’emploi et le logement sont essentielles pour nos délibérations, quand nous devons décider d’abaisser, de relever ou de maintenir le taux directeur. Mais elles ne donnent souvent qu’une vue d’ensemble. Et elles montrent ce qui s’est déjà passé, avec plusieurs semaines de décalage.
Les données non traditionnelles peuvent nous aider à voir plus rapidement ce qui se passe sous la surface. C’est particulièrement utile dans un contexte incertain en rapide évolution.
- Au début de la pandémie de COVID-19, nous avons utilisé des données comme les réservations de restaurants et de billets d’avion ainsi que les transactions par carte de crédit pour observer en temps réel les changements dans le comportement d’achat des consommateurs.
- Aujourd’hui, pour évaluer les premières répercussions tarifaires, nous examinons les variations du nombre de camions qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis, et du nombre de navires entrants et sortants dans les ports.
De même, nos enquêtes nous donnent une idée plus claire de l’évolution de l’économie et elles nous permettent de recueillir au bon moment les témoignages des gens de différentes régions et différents secteurs. L’enquête sur les perspectives des entreprises et l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, menées chaque trimestre, ainsi que l’enquête mensuelle Le Pouls des leaders d’entreprise ont été particulièrement utiles ces dernières années.
Nous multiplions nos rencontres auprès des gens
Les membres du Conseil de direction rencontrent également des entreprises et des groupes sectoriels pour entendre leur point de vue. C’est une autre façon de déceler des tendances avant qu’elles se manifestent dans les données.
Ces discussions ont été particulièrement utiles cette année. Il est important pour le Conseil de direction d’écouter directement les entreprises de différents secteurs clés et différentes régions du pays pour connaître l’incidence des droits de douane et de l’incertitude. Grâce aux relations tissées par notre personnel des bureaux régionaux depuis de nombreuses années, nous avons pu prendre le pouls des effets du conflit commercial en temps réel.
Le Conseil de direction a aussi intensifié ses activités de rayonnement locales un peu partout au Canada en rencontrant des peuples autochtones, des syndicats, des responsables de la sphère publique et des organismes de services sociaux.
Les interactions en personne tissent une histoire autour de la conjoncture économique, en la portant au-delà des faits et des chiffres. »
Nous renforçons la confiance et la crédibilité
Le fait d’échanger avec la population canadienne nous aide à renforcer la confiance et la crédibilité auprès des personnes que nous servons. Quand les gens savent que la Banque tiendra ses engagements, cette confiance contribue à ce que nos décisions de politique monétaire aident l’économie en maintenant l’inflation à un niveau bas et stable.
Les dernières années ont été difficiles. Les ménages et les entreprises ont subi une forte inflation – la plus forte depuis des décennies –, suivie des taux d’intérêt élevés qui ont été nécessaires pour la faire baisser. Maintenant, la population canadienne doit composer avec une plus grande incertitude en raison du conflit commercial. Nous continuerons de travailler fort pour mériter sa confiance en réalisant notre mandat de maintenir l’inflation à un niveau bas et stable.
En cette période d’incertitude, mes collègues et moi continuerons de sonder la population. Quand le Conseil de direction est mieux informé, il prend de meilleures décisions – pour vous et pour tout le pays. »